Macky Sall n’est pas fondé à nous inviter au respect des valeurs ( Par Mody Niang)

Ce président-politicien nous respecte-t-il vraiment quand il nous invite au respect des valeurs ? Lui qui passe son temps à renier ses engagements, à malmener la parole donnée ? Lui qui a privatisé l’État au profit exclusif des siens ?
L’événement avait parfois l’allure d’un meeting, avec des applaudissements à tout rompre d’une certaine jeunesse qui n’était manifestement pas préoccupée par l’emploi. Comme depuis le 2 avril 2012, des promesses alléchantes y ont été faites et les slogans n’étaient pas en reste. Les menaces étaient aussi de la partie. Que toute l’opposition, que le peuple se le tiennent pour dit : ce qui s’est passé les 6-7 et 8 mars derniers ne se passera plus au Sénégal. Et, pour convaincre qu’il était vraiment sérieux, le président-politicien annonce le recrutement tout prochain de milliers de policiers et de gendarmes volontaires. De gendarmes volontaires prompts à casser du manifestant, ce que ne feraient pas aussi facilement des gendarmes professionnels.

Le président-politicien s’est aussi permis – oui, il s’est bien permis, lui Macky Sall – de nous inviter à respecter nos valeurs. Quelles valeurs ce président-politicien nous invite-t-il vraiment à respecter, lui que nous suivons depuis le 2 avril 2012 ? Cet homme que nous avons à la tête de notre pays est un vrai comédien. Il nous appelle, appelle surtout notre jeunesse à respecter les valeurs civiques, à restaurer les valeurs patriotiques. Les valeurs civiques et patriotiques ! Est-il vraiment bien placé pour appeler au respect de ces valeurs, lui qui a livré notre pays à la France, à la Chine, à la Turquie et au Maroc, qui les préfère de loin à nos pauvres entrepreneurs ? Est-il vraiment bien placé pour en parler, lui qui s’est tapé officiellement soixante-douze (72) milliards de fonds spéciaux depuis qu’il est au pouvoir, soit huit (8) milliards par an ?[[1]]. Des fonds laissés à sa totale discrétion et qu’il dépense comme il veut sans rendre compte à personne ? Des fonds qu’il peut même brûler, selon ce sulfureux colonel Cissé familier des couloirs de la présidence de la République, aussi bien du temps de Diouf que de Wade ?
Ce président-politicien ne se moque-t-il pas de nous, en nous appelant au respect de nos valeurs ? Vraiment, de quelles valeurs à ses yeux ? Lui qui n’a pas hésité un seul instant privatiser l’État et la République au profit exclusif de sa famille, de sa belle-famille, de son parti et de sa pléthorique coalition, au détriment du reste du pays ? Lui qui nomme à tour de décrets ministres, conseillers spéciaux, conseillers, chargés de missions, ambassadeurs, ambassadeurs itinérants, etc. et dont personne ne connaît le nombre ? Á laquelle de nos valeurs croit-il vraiment lui qui achète, en toute connaissance de cause, cinquante mille (50.000) lampadaires à énergie solaire à cinquante-sept (57) milliards à une entreprise française, soit 1.141.000 francs CFA par lampadaire ? Cette entreprise française, Fonroche, était pourtant en grande difficulté et ne faisait même pas partie des cinq retenues après leurs offres spontanées. Elle était carrément éliminée. Contre toute attente, le marché lui a été attribué. Pour les mêmes lampadaires le Maroc, pays dont les dirigeants se soucient tant soit peu de l’intérêt général, s’est adressé à l’entreprise Enertika pour l’achat de soixante mille (60.000) lampadaires solaires à trente-cinq (35) milliards, soit un lampadaire pour 590.000 francs CFA. Le même lampadaire nous a coûtés, à nous pauvres Sénégalais, deux fois plus, soit 1.141.000. Alors, cet homme-là est-il vraiment fondé à nous inviter à respecter quelque valeur que ce soit ? De tels exemples foisonnent dans sa gouvernance meurtrie. On peut rappeler celui du coût exorbitant de nos cartes d’identité biométriques (52 milliards). Des pays africains qui comptent une population deux fois plus importante que la nôtre se sont fait livrer les mêmes cartes pour moins de trente (30) milliards. Je ne m’attarderai pas sur les douze (12) ou treize (13) milliards de Bigtogo que nous avons payés pour presque rien en retour.
L’attachement à la justice, à l’égalité de tous les citoyens, de toutes les citoyennes devant la loi fait partie de nos valeurs cardinales. Le président-politicien peut-il appeler à leur respect, lui qui s’est empressé de transmettre le rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) qui sanctionnait la gestion de Khalifa Sall alors maire de Dakar, pour le faire condamner sévèrement et l’éliminer ainsi de la course à la présidentielle du 24 février 2019 ? Pendant ce temps, des dizaines de rapports de la même IGE qui accablaient ses proches gisaient sous son très lourd coude. Pendant que nos juges condamnaient sans état d’âme Khalifa Sall, bien plus de vingt (20) dossiers de l’OFNAC souffraient, eux aussi, sur la table du Procureur de la République, alors qu’il était prompt à traiter celui de Khalifa Sall.
Alors, quelle leçon ce politicien pur et dur et peu regardant vis-à-vis de l’éthique et de la morale peut-il vraiment nous donner ? Lui qui va jusqu’à Houston, dans le très lointain Texas, pour ‘’acheter’’ un appartement ? Houston, le siège de l’Entreprise FORTESA (ou FORTEZA) qui exploite le gaz de Ngadiaga et avec qui il a eu, semble-t-il, de proches relations dans les années 2001-2002.Est-il vraiment fondé à parler de valeurs, de morale, lui qui prend la grave décision de gracier un trafiquant notoire de faux médicaments alors que ce dernier, condamné en première instance à cinq ans d’emprisonnement ferme, avait interjeté appel ? Sa timide explication qu’on l’a alors trompé tient-il vraiment la route ? Quel agent de l’administration pénitentiaire, à quelque niveau qu’il se trouve, ose-t-il prendre un tel gros risque ? Ensuite, puisqu’il a été abusé, pourquoi n’a-t-il pas demandé à la hiérarchie d’ouvrir une enquête pour confondre le très téméraire délinquant et le punir à la hauteur de sa faute ? Quand même, président-politicien.

Ce président-politicien nous respecte-t-il vraiment, quand il nous invite au respect des valeurs ? Lui qui, depuis les neuf (9) longues années qu’il est à la tête de l’État, passe le plus clair de son temps à renier ses engagements, à malmener la parole donnée. Cette parole donnée, ce kàddu dont il n’a cure mais qui, à lui seul, permet d’apprécier la personnalité du njiit, du chef. Je ne m’attarderai pas à donner des exemples qui foisonnent dans pratiquement tous ses discours, toutes ses décisions. Nous sommes familiers avec ses reniements qui sont parfois, souvent d’ailleurs, spectaculaires. Ce n’est vraiment pas hasard s’il s’est retrouvé comme mburu ak soow, avec l’autre bourreau de la parole donnée. Ce compagnonnage mérite de retenir l’attention. Il est inquiétant, très inquiétant pour notre pays. On attribue ces propos à Serigne Touba Khadim Rassoul : « Yàqgoojis ci aduna, ñaarñujubóo te jubuñuñoo ko yàq. » En français, cela peut donner : « Tous les malheurs qui interviennent sont le fait du compagnonnage de deux tortueux individus. » Surtout s’ils sont placés à un certain niveau de responsabilité.
Nous, Sénégalaises et Sénégalais, sommes habitués à passer rapidement sur les événements, sur les comportements de nos dirigeants même s’ils devaient susciter notre indignation. Nous devrions en avoir assez de dirigeants peu scrupuleux, peu regardant vis-à-vis des valeurs bénies par l’Islam comme par la Chrétienté et la tradition. De dirigeants sans scrupules qui volent, pillent, mentent, nous livrent points et mains liés, avec nos ressources, aux puissances étrangères. Cinquante-neuf (59) ans de mal gouvernance, de gouvernance meurtrie, c’est déjà trop. Ce le sera encore plus après février 2024, si les mêmes qui nous gouvernent depuis le 1er avril 2000 restent au pouvoir. Nous devrons donc nous préparer à faire face à toutes les forces occultes qui voudront nous imposer la continuité. Notre opposition en particulier, la vraie, a le devoir d’être réaliste, de se dépasser, de placer le seul avenir de notre pays et de sa jeunesse au-dessus de toutes autres considérations, surtout quand elles sont insignifiantes et elles le sont souvent. Elle compte dans ses rangs des hommes et des femmes qui sont capables de faire efficacement face à cette famille libérale qui est en voie d’être réunie autour de mburu ak soow et éventuellement de ce Karim Wade. Je pense notamment à : Yacine Fall, Mme Diop Blondin, Boubacar camara, Hamidou Dème, Ousmane Sonko, le Dr Babacar Diop, Khalifa Ababacar Sall, le Dr Abdourahmane Diouf, Thierno Alassane Sall, Déthié Fall, le Dr Cheikh Tidiane Dièye, Thierno Bocoum et bien d‘autres du Sénégal comme de la diaspora que je n’ai pas en tête ou que je ne connais pas. Je crois, jusqu’à preuve du contraire, que ces compatriotes-là ont le profil de l’emploi. Notre pays a en tout cas tant souffert et mérite tous les sacrifices pour le sortir de l’ornière dans laquelle on le confine depuis le 17 décembre 1962 et, plus encore, depuis le 1er avril 2000.
UN LION ÉGARÉ EN PLEINE SAVANE !

Les Partisans du président légal et illégitime du Sénégal doivent certainement s’arracher le cheveux chaque fois que leur champion s’éloigne du texte préparé par ses officines pour improviser un discours.

Après avoir menacé la population dubitative d’aller faire don de leurs vaccins contre la Covid-19 à d’autres pays, voilà que monsieur Macky Sall frappe à nouveau ! Cette fois-ci, il renvoie tout simplement ses administrés, qui n’auraient pas les moyens d’honorer les tarifs exorbitants de l’autoroute à péage, à leur situation de «misérables damnés de la République», tout juste bons à endurer les secousses éreintantes des routes «alternatives» périlleuses qui, si l’on suit sa logique, ne méritent aucune attention de l’État.

Tristes propos sortis de la bouche d’un homme « élu » par un peuple pour assurer une offre de biens et services publics satisfaisante et équilibrée à tous.

Au-delà de la forme, déplorable comme souvent, monsieur Macky Sall a totalement faux dans le fond.

Certes, il est tout à fait admis qu’un péage soit la rémunération, la contrepartie d’un investissement public ou privé offrant un gain de temps à l’usager. Sauf qu’une autoroute n’est pas forcément payante car partout dans le monde, il existe des réseaux gratuits de qualité à côté des péages. Ce que monsieur Macky Sall ignore, c’est que les concessions d’autoroutes n’exonèrent pas les pouvoirs publics (États et collectivités locales) de leurs responsabilités par ailleurs, mais au contraire, doivent leur permettre de mieux se consacrer à l’amélioration des infrastructures secondaires.

La réalisation d’une autoroute à péage peut prendre la forme d’une concession, par laquelle l’État délègue à un concessionnaire la charge totale de l’infrastructure (financement, construction, exploitation et entretien) évitant ainsi au contribuable de payer impôts et taxes.
Pour le cas de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, il s’agit d’une grosse arnaque contre le citoyen sénégalais. Son financement se répartit selon les éléments ci-après (Origine du financement, montants en FCFA, (Pourcentage de participation), [Part réelle de l’État/Eiffage]) :

État du Sénégal 181 500 000 000, (49,39%), [83,40%];
Banque Mondiale: 52 500 000 000, (14,29%)
BAD : 33 200 000 000, (9,03%)
AFD : 39 300 000 000, (10,69%)
EIFFAGE : 61 000 000 000, (16,6%), [16,6%]
TOTAL : 367 500 000 000, (100,00%), [100%]

Ces chiffres montrent que le contribuable sénégalais, usager ou pas, supporte en réalité presque la moitié de l’investissement (49,39%). Il révèle ensuite que l’usager, supposé rembourser les prêts (34,1%) et la participation du concessionnaire (16,6% seulement), supporte lui les 50,7% du coût de l’infrastructure.

À rappeler que les 16,6% du concessionnaire EIFFAGE ressortent du montage financier suivant, que tout consortium national aurait pu mobiliser avec le soutien de l’État :

− 20,8 milliards de Eiffage Sénégal
− 15 milliards de la BOAD
− 13,4 milliards de IFC
− 6,8 milliards de la BAD
− 5 milliards de la CBAO)
(Voir graphique)

En dépit de cette configuration du financement :
– l’usager-citoyen-contribuable, qui a financé cette autoroute par ses impôts, son péage ou ses redevances, subit une facturation exorbitante qui ne se justifie point.
Ainsi, il est obligé de payer, pour 32 kilomètres seulement, 1 400 F CFA pour les voitures et taxis, 800 F CFA pour les motos, 2 000 F CFA pour les ”cars rapides” et minibus, 2 700 F pour les autobus et camions. À titre de comparaison, l’usager de l’autoroute Casablanca-Rabat, exploitée par la Société Nationale des Autoroutes du Maroc sur 95km (le triple du trajet Dakar-Diamniadio), paye un tarif de 21 dirham, soit 1050 F CFA ; largement en deçà des tarifs du concessionnaire SENAC S.A. ».
-Le concessionnaire se taille la part du lion dans la répartition du tarif de 1 000 francs payé par l’usager, qui est réparti comme suit : 31% pour les impôts et taxes, 25% pour l’exploitation, l’entretien et le renouvellement et 44% pour l’amortissement de l’investissement.

Le plus triste est que lorsque des citoyens s’organisent pour combattre cette usure et exiger la transparence dans les revenus générés par cette autoroute, leur président « élu », coléreux, adepte des menaces futiles contre son peuple dont il n’est jamais capable de défendre les intérêts, n’a que mépris et dédain à opposer.

Le peuple sénégalais ne mérite pas ce président ! À monsieur Macky Sall, nous exigeons :
– la publication des contrats, initial et complémentaire, ainsi que celui renégocié ;
– la confirmation de l’existence (ou non) d’un protocole d’accord qui porte sur plusieurs points dont l’augmentation de 5 ans de la durée de la concession de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd et la fusion des deux contrats.

Enfin, je ne saurais terminer sans rappeler que Macky Sall, qui se glorifie aujourd’hui de la hausse de la redevance domaniale de 1000 à 800 000 000 FCFA, est le principal responsable de ce pillage organisé depuis une décennie car il est signataire du contrat initial (en tant que premier ministre entre 2004 et 2007) et du contrat complémentaire (en tant que Président 2014).

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